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Comment le Danemark a défié Hitler pour sauver sa population juive

 
Il y a 75 ans, Hitler envoyait un message à son représentant à Copenhague lui demandant de débarrasser le Danemark de sa communauté juive forte de 8 000 personnes. «La campagne juive» devait débuter à Roch Hachana (5704 – 1er octobre 1943). Les Juifs danois seraient arrêtés, incarcérés et «déportés à l’Est».

L’action du Danemark en faveur des Juifs pendant la Shoah est-elle connue de tous ? La résistance danoise à l’occupation allemande s’était accrue de façon spectaculaire au cours de l’été 1943, lorsque les Danois s’aperçurent que le vent de la guerre était en train de s’inverser. À la fin du mois d’août, les Allemands ont pris le contrôle du gouvernement civil et mis le pays au pas.

Depuis l’invasion nazie en avril 1940, le Danemark a été considéré par Berlin comme un protectorat exemplaire. Les nazis considéraient les Danois comme un autre peuple germanique. En effet, la minorité allemande au Danemark, les socialistes nationaux et les nationalistes fortement anticommunistes, avaient fourni 12 000 volontaires – la moitié ont été acceptés – pour former une légion danoise chargée de combattre l’Armée rouge sur le front est aux côtés des forces de Hitler.

Le gouvernement social-démocrate danois avait zigzagué entre apaisement face aux revendications nazies et refus de leur obéir afin de protéger sa population. Il a refusé de livrer la communauté juive. Mais il a également rompu ses relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne et ses alliés. Quelles étaient les limites de la collaboration?

Les Juifs sont prévenus, la fuite s’organise

Werner Best, l’homme d’Hitler à Copenhague, s’inquiétait de l’ordre d’éliminer les Juifs du Danemark. Il croyait pourtant que «les Juifs sont notre malheur». Il avait été surnommé «le limier de Paris» pendant son séjour en France. Pourtant, il n’a pas voulu bouleverser le calme relatif régnant au Danemark.

L’un des collaborateurs de Best, le nazi déchu Georg Ferdinand Duckwitz, a averti le gouvernement suédois, les fonctionnaires danois et la communauté juive de la rafle imminente.

Georg Ferdinand Duckwitz, juste parmi les nations
Georg Ferdinand Duckwitz, juste parmi les nations

Cela a déclenché une réaction spontanée de la société danoise pour sauver ses Juifs – c’était une marque d’honneur pour le Danemark de le faire. Les universités, la Cour suprême et même le roi Christian ont participé à une manifestation de masse.

Le 3 octobre, une déclaration lue dans toutes les églises danoises indiquait: «Si l’occasion se présente, nous allons clairement reconnaître notre obligation d’obéir à Dieu plus qu’à l’homme.»

L’action de citoyens danois ordinaires a permis de sauver la vie de plus de 7 000 Juifs. Ils ont reçu l’aide nécessaire afin de s’échapper vers la  Suède à bord de bateaux de toutes tailles. L’opération a coûté environ 12 millions de couronnes, en partie payées par les Juifs eux-mêmes.

Quand les nazis arrivent, les Juifs sont presque tous partis

Berlin a dépêché ses troupes pour rassembler les derniers Juifs, car la Wehrmacht locale était réticente à s’en mêler. 284 Juifs ont été capturés et transportés vers le camp de concentration de Theresienstadt en Tchécoslovaquie occupée.

Deux bateaux ont été arrêtés et ses 190 passagers juifs, également déportés. Trente autres se sont noyés dans le détroit de Øresund. Certains se sont suicidés et 100 sont restés cachés. Pourtant, plus de 95% des Juifs du Danemark ont ​​été sauvés par cette réaction collective remarquable.

Werner Best pouvait légitimement prétendre à Berlin que le Danemark était maintenant un judenrein – pas par extermination dans l’enfer d’Auschwitz, mais par une fuite vers une Suède neutre. 750 évadés juifs ont ensuite rejoint la brigade danoise en Suède, qui est revenue à Copenhague en 1945.

Un juste parmi les nations

120 Juifs danois ont péri à Theresienstadt. Ceux qui ont survécu ont retrouvé leurs biens entretenus et intacts à leur retour. Best fut condamné à mort en septembre 1948. Sa peine fut commuée en 12 ans et il fut libéré au début d’août 1951. Il mourut dans son lit en 1989.

Pendant ce temps, Duckwitz est devenu ambassadeur d’Allemagne de l’Ouest au Danemark en 1955. Il se voit attribuer le titre de Juste parmi les nations par Yad Vashem en 1971. Il décède deux ans plus tard.

Un mémorial dans la région de Beit Hakerem à Jérusalem, sur la place du Danemark, rappelle cette époque où la décence et le courage prévalaient, avec une inscription sur une plaque au centre de la place. Il est écrit: «Le courage danois et la générosité suédoise ont apporté une preuve indélébile des valeurs humaines en temps de barbarie. Israël et les juifs du monde entier n’oublieront jamais.

En 2018, cette leçon du passé continue de donner un sens à ceux qui luttent dans le présent.

 

Source : https://www.coolamnews.com/comment-le-danemark-a-defie-hitler-pour-sauver-sa-population-juive/

 

 

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